mercredi 6 août 2008

La pré-rentrée

Oui, il fallait bien qu'à un moment ou un autre, je finisse par entrer en contact avec cette école du district de la Nouvelle-Orléans au sein de laquelle je vais tenter d'enseigner le français.
Je suis l'une des seules du programme (et je partage ce privilège avec une poignée de chanceux) à enseigner dans une vraie école publique américaine. Avec tout ce que cela comporte.

L'école sous son plus beau jour. Influence hispano-mexicaines.

J'ai du mal à décrire cette première journée... Tout d'abord, merci à ma collègue américaine, prof de "language art" que j'avais rencontrée quelques jours auparavant et qui est venue me chercher ce matin, m'a guidée au cours de cette journée, et m'a expliqué 2, 3 expressions idiomatiques quand j'étais trop larguée.
La journée a commencé fort : la principale ignorait qu'elle avait un professeur de français cette année... Je me suis donc présentée en respectant scrupuleusement tous les codes de conduite dispensés par le codofil : "Hi, I'm Carole, The new french teacher.. Nice to meet you... Thank you...", le tout enrobé d'un large sourire et d'une vraie volonté de me faire accepter. Auprès de la principale qui ignorait donc ma venue, ça m'a valu un "Sit here and wait!". Ok... Je m'assois donc hein, j'attends les instructions, et elle finit par me dire après avoir téléphoné à un vague type "Hey sweetie, come and sign"... Ok... A ce moment, je pense que je vais devoir apprendre à surfer sur les vagues et gérer les courants contraires...
Bref, elle me donne les clefs d'une salle, MA SALLE, et je me dis que l'affaire ne commence pas trop mal, mais la salle en question est pour l'instant pleine à craquer du matériel livré pendant les vacances et encore en carton. Je n'aurai donc pas d'élève avant que tout soit déménagé. Bizarrement, ça ne me gêne pas.
On se réunit dans le CDI de l'établissement (où Léon Tolstoï devient Léo Tolstoï) et je m'assieds parmi mes nouveaux collègues après avoir fait le tour des visages généralement très souriants et très cordiaux, avec ce même refrain à la bouche "Hi, I'm Carole....etc".
Le silence se fait lorsqu'un immense professeur se lève et entame une cantique rapide et inaudible. Cantique, le mot est bien choisi. Après m'être tournée vers les autres pour saisir les réactions et les plaggier piteusement, je me rends compte que tout le monde a la tête basse et les yeux fermés. C'était une prière. J'ai attendu le Amen final et me suis dit que les choses commençaient vraiment.
Après ça breakfast : bouillie de riz, bacon grillé, steacks hachés, muffins, baggels, fruits frais, jus de fruits. Ici quand on mange, on mange et on mange.
Pour le reste, ce fut une journée extrêmement riche d'enseignement et je me dis que finalement, les postes d'immersion qu'occupe une grande partie de mes collègues (programmes français, cours en français, collègues français) ne sont pas le meilleur moyen de partir en quête de la vie américaine du quotidien, des institutions, des moeurs, des populations.

Ecole difficile, surtout depuis Katrina dont personne ne s'est vraiment remis ici, ambiance typique des séries américaines (oui, dites-vous bien ça : il n'y a aucune velléité de caricature dans les films américains, les films à la De Niro, les films de gangs. Tout est d'un réalisme ahurissant, tant chez les profs que chez les élèves.) ; mais je crois que je vais m'y plaire.
A suivre.

5 commentaires:

James a dit…

J'imagine que la plupart des tes élèves seront des Noirs. Notez que leur langue maternelle n'est pas l'anglais standard mais plutôt ce qu'on appelle "African-American Vernacular English" ou "Ebonics." Les différences entre l'AAVE et l'anglais standard ne sont pas forcément très grandes, mais néanmoins, je te conseillerais à googler "AAVE" ou "Ebonics" et de liser un peu sur ses traits grammaticaux. Bonne chance !

Unknown a dit…

Oui, tu as évidemment raison James ; la plupart sont afro-américains, tout comme les enseignants. L'autre ethnie assez représentée étant les asiatiques.
Merci pour le conseil concernant leur anglais, j'irai jeter un coup d'oeil dès que le rythme hallucinant des journées se sera allégé un peu. Sympa tes p'tites visites.

NOlaDArling a dit…

Euh.. le précédent commentaire, c'est bien moi, Carole, qui l'ai écrit. Pas de méprise, je ne voudrais pas qu'on croit qu'Arnaud est devenu tout à coup un homme sociable et avenant...

La Fourmi Fourmidable! a dit…

Qu'est ce qu'ils peuvent BOUFFER! t'es sûre que tu veux toujours des muffins avec tout ça au petit dej'? Vas pas nous prendre 15 kilos d'un coup, hein?! Après, on ne te reconnaîtra plus! transformée en "Rose" (il faut te replonger dans les délires de la fac pour se faire une image!)
et tu ne pourras plus enfiler le porte bébé!!! (morte de rire!)
Allez, bon "APPETITE"!!

jomak a dit…

Salut les expats...je m'incruste, car j'ai la sensation (agréable) de me lire, y a 10 ans!
Si les choses n'ont pas trop changées, ça peut être un bon plan de sympathiser avec un, ou plusieurs "janitors" de l'école. Ils/elles sont souvent plus...comment dire, VRAIS, que la midlle class américaine du corps professoral !
Ca peut avoir quelques avantages, et facilités ton 'daily work'.
Ca m'a permis entre autre d'aller à la pêche dans les bayous, de manger du "Gumbo filé" de la mort qui tue, de revivre une partie de la guerre du Vietnam comme si j'y étais ;-)