dimanche 19 avril 2009

Mustang Island

Ahhh... Mustang Island...

Nous avons passé à Mustang Island deux jours et une nuit, magiques.

Au large de Corpus Christi, sur une île appelé Padre Island, nous avions repéré avant de partir un Natural State Park : ce sont des territoires protégés par l'état, des environnements naturels, qui présentent des attraits particuliers (espèces en voie de disparition, nature rare, paysages sublimes...) et sur lesquels vous êtes parfois autorisé à camper. Ce qui était le cas pour Mustang Island State Park.

Nous avions une tente, deux chaises pliantes, de celles que possèdent tous les dignes américains ou assimilés, une glacière débordante de glace, deux livres, deux ipod, et surtout, surtout ; nous étions en tout et pour tout, 4 tentes à vouloir nous installer sur cette plage du bout du monde.


Parce qu'à Mustang Island, c'est sur la plage que vous campez, face au Golfe du Mexique.

Et je peux vous dire que lire La Faute de l'Abbé Mouret - le seul Zola que je n'avais pas lu et que Belle-maman m'avait envoyé avant de partir - en regardant le soleil disparaître à l'horizon, en profitant enfin d'une brise sifflante après les 35° de la journée, puis plus tard, en écoutant "Fire of Babylone" (pour les quelques uns, rares je le sais, qui écoutent encore Sinnead O' Connor), ça relève du mystique...


Pour 16 dollars la nuit, avec accès aux douches chaudes et aux
toilettes, n'ayez aucune hésitation. Vérifiez seulement l'heure des marées et ne plantez pas votre tente trop près de la mer...!

Corpus Christi

A Corpus Christi, le plus grisant, c'est cette impression que vous êtes au bout du monde, au bout d'un territoire, et qu'après, il n'y a plus rien.

La ville était déserte en ce lundi de Pâques et nous avons longé Ocean Drive, allant de propriété de luxe en propriété de luxe, toutes silencieuses, pour parvenir au bout de la route, là où s'arrête la ville, l'état, l'espace, et nous promener sur le bord de mer. Nous étions absolument seuls au monde.













Et fait curieux, que nous ne nous sommes expliqués qu'après 20 bonnes minutes de réflexion, un groupe de Mexicains tout appareil photo dehors, prenait la pause devant une statue érigée sur le front de mer, la statue d'une jeune femme : il s'agissait de Selena, cette chanteuse mexicaine ultra connue aux Etats-Unis (et dont le nom en France dit vaguement quelque chose depuis que son rôle a été incarné au cinéma par Jenifer Lopez à ses débuts) qui a été assassinée à 23 ans par la Présidente de son fan club à Corpus Christi. Quelques jours plus tard, G.W. Bush, gouverneur du Texas à cette époque, a décrété le 16 avril jour de sa mort, "Selena Day". Du coup, des dizaines de Mexicains venaient lui rendre hommage à 2 jours de là.



Sur le port, tranquille et mouvante,
la réplique exacte de la Nina,
une des caravelles de C.Colomb.
Magnifique voilier.

San Antonio

Après Austin, on a filé à San Antonio par la 35 SOUTH : à peu près 1h20 de route que je vous déconseille de prendre. 1h20 de zone industrielle, non stop!
Toutes les enseignes américaines s'y affichaient, sans discontinuité. Une galerie commerciale géante. Pas super beau. Préférez les routes parallèles, ça va aussi vite et c'est enfin le vrai Texas.

San Antonio ; appelée la "Venise des USA" à cause de la rivière qui s'y écoule en plein milieu, la ville est trés marquée par son histoire espagnole et mexicaine. La population y est en grande partie latine et les indications sur les panneaux routiers, double : anglais/espagnol. A voir ; le marché mexicain (que nous n'avons pas fait : après les marchés mexicains hallucinants des villes traversées à Noël au sud du Mexique, on ne voyait pas vraiment l'intêrét de faire celui-là) ; le centre-ville organisé autour de la San Antonio River (des dizaines de restos en bordure d'eau, à la lumière du soir, c'est très beau, mais je suis restée sur une petite impression de papier mâché, de factice à la Disneyland) ; et enfin, Fort Alamo. Nous y voilà. Moi qui ai bouffé des Lucky Luke à gogo quand j'étais gamine, je voulais visiter Fort Alamo et comprendre exactement ce qui s'y était joué. Magnifique. Au beau milieu de la ville, ce fort resté debout, bâti de vieilles pierres et cachant un jardin luxuriant, ce fort qui a vu l'indépendance du Texas au bout d'une résistance désesperée autour, entre autres, de Davy Corckett, ce fort est un oasis au coeur des buildings.







Pour manger, matin, midi ou soir, arrêtez-vous à "Gunter Bakery" sur Houston Avenue : des sandwichs et des salades du feu de Dieu, ainsi que -comme son nom l'indique, hein- des patisseries du tonnerre.



L'entrée des jardins
de Fort Alamo
.

jeudi 16 avril 2009

Austin : la ville du Vintage

Nous sommes entrés au Texas par Dallas, y sommes restés une bonne journée, le temps de manger des ribs et de s'accouder à la fenêtre de laquelle l'assassin de Kennedy a tué le 35° Président des Etats-Unis, 6° étage sur Dealey Plaza, et nous sommes repartis en direction d'Austin.

Centre ville de Dallas.





Austin nous a vraiment plu : au-dela de son downtown très chouette, trés animé, de sa propreté et du Mini-Capitole, la ville est réputée dans toute l'Amérique pour ses dizaines de boutiques vintage. Vêtements, antiquités, chaussures, disques, instruments de musique, les boutiques vintages et d'occase quadrillent la ville d'une ambiance très particulière, et vous la font découvrir dans ce qu'elle a de plus singulier : elles vous font
quitter le centre ville hyper moderne et ses buildings ultra rectilignes (au demeurant très chouettes), pour vous faire découvrir le quartier des facs par Guadalupe Avenue et au-delà de Colorado River, le quartier de la jeunesse tranquille d'Austin par First Avenue et South Congress Avenue.

Nous y avons passé une bonne journée et demie, et vraiment, ça vaut le détour.

Evidemment, je me voyais mal repartir sans une paire de botte en cuir splendides, vintages bien sûr (comprenez "vintage" = "belle occase") que j'ai payée une bouchée de pain (une bonne bouchée de pain) et qui jette.






Les bus old school de la ville.




Les écureuils du mini-Capitole park.
Pas farouches. Surtout pour un cookie.

Spring Break

Le fameux Spring Break... Ces quelques jours de vacances, de break donc, durant lesquels les étudiants fraîchement débarqués à l'Université (ou pas d'ailleurs), s'en vont au soleil pour se permettre les excès impensables que leur morale chrétienne -la leur, celle de leur famille, celle de la société - tolère pendant ce court laps de temps... Spring Break...

En ce qui nous concerne, on a choisi de faire un road trip à travers le Texas : n'ayant pour ma part -et contrairement à Arnaud qui a une semaine de vacances- que 3 jours, nous avions 6 jours pour faire un tour sympa.

Dans l'ordre : Dallas, Austin, San Antonio, Corpus Christi, Mustang Island, Houston.

Génial.

Première étape dans le prochain post.

samedi 11 avril 2009

The Fresh Prince of Bel Air

Après des mois d'observation, au coin de ma salle de classe, patiente ou opportuniste ; après des semaines d'écoute attentive au gré des flux d'élèves passant d'un couloir à l'autre ; je suis aujourd'hui en mesure de citer l'une des sources d'influence majeure du comportement de mes élèves : Le Prince de Bel-Air.

Cette semaine, dans le building ouest de l'école, au troisième étage, au moment du changement entre la 3ème et la 4ème période de cours, j'ai entendu ça.

Je veux dire que j'ai entendu exactement ça, mot pour mot, au découpage exact. C'est-à-dire que mes élèves sont capables de chanter exactement un couplet constitué d'un medley de chansons tiré d'un épisode au milieu de centaines d'autres.

Mais ce n'est pas tout - sans quoi ma démonstration s'effondrerait sous le poids d'un exemple unique et par là même, non valable : les gestes grandiloquents, les surréactions, les rires hurlés, plié en deux appuyé sur la table du salon, et surtout, surtout, la danse : avez-vous déjà vu danser Will Smith ? Alors vous avez vu danser mes élèves. Et je dois dire que tout est fascinant ; leur culture est si différente de la notre, Européens un peu coincés (mais bien sur, je ne parle que pour la plupart des gens que je cotoie, including me ; aussi que les autres, les européens qui n'ont aucun mal à shaker sur une table en chantant Sexual Healings à pleine voix, ne s'offusquent pas...), si différente que ça vous sort de vous-même, que ça vous pousse, à votre plus grand bonheur inavoué, à shaker par exemple, vous aussi, dès qu'un mince petit filet de musique se fait entendre...

Savez-vous que tous mes élèves font la Carlton Danse dès qu'ils ont eu une bonne note ou gagné un truc ? Vous avez déjà essayé vous de danser comme Carlton ? Vous vous souvenez, cette danse infaisable du fils de bonne famille dont on sent qu'il danse comme un Dieu, mais que ses bonnes manières retiennent de se trémousser comme son cousin de Philadelphie ?

Savez-vous que la danse de la victoire pour toutes les équipes de sport de l'école est la Jump on it Danse ? Devenue symbole, emblême, elle est exactement à l'image de cette communauté déshinibée et joyeuse que sont mes élèves.

Vraiment ; cette série n'en est pas une. C'est un documentaire à peine caricaturé.

jeudi 2 avril 2009

Wanted

Lorsque vous remontez la Highway en direction du Mississipi, vous avez des chances d'apercevoir ça :


Ces affiches d'environ 4 mètres sur 5 exposent les portraits d'accusés dangereux, évadés ou pas encore arrêtés mais formellement identifiés. Au fur-et-à-mesure de la progression des enquêtes et des arrestations, la ville appose un bandeau "Arrested" en travers du visage dudit accusé.

A mon sens, ce système revêt 3 fonctions :

- Un rôle informatif : si vous voyez ce type, appelez à ce numéro,
- Un rôle préventif : si vous voyez ce type, appelez à ce numéro et fuyez,
- Un rôle communicatif : vous voyez, sur 4 accusés dangereux, on en a arrêté 2, ou 3, ou 4. C'est dire si la police ne chôme pas.

Si ce système a déjà fait ses preuves, je dois bien avouer que ça a aussi la fonction d'instaurer un climat d'insécurité ambiant dont la ville n'a pourtant pas besoin.

mercredi 1 avril 2009

Une journée de Leap Test

Il est 8h56 du matin. L'école s'apprête à vivre une journée de Leap Test.

Les Leap Test sont une batterie d'examens en maths, english, sciences et social studies, que les élèves passent, tous grades confondus, à la presque fin de l'année scolaire.
Ce qui signifie qu'ils doivent être assis, silencieux et occupés à travailler. Pendant 4 heures.
Le Pérou...

Et je suis donc là, dans le couloir, surveillant les examens qui se déroulent dans les salles de chaque côté de ma tête. Je monitore comme ils disent, chargée d'emmener les élèves aux toilettes, de remplacer les professeurs pendant leur break, d'aller chercher des crayons manquants, des sujets déchirés.

Monsieur S, en salle 435, vient de me demander de le replacer, déjà, pour un break de 15 mn, épuisé par le silence de sa salle de classe. Les élèves sont penchés sur leur feuille, absorbés par les cases à noircir de leur QCM géant. Peu de rédaction dans les examens, tests ou contrôles ; quasiment pas de questions ouvertes, de rares développements. Les questions à choix multiples supplantent les calculs mathématiques : on ne note pas le raisonnement mais le bon résultat. Et les élèves n'ont le droit d'utiliser que des crayons de papiers.

Ce matin, ils planchent sur leur sujet d'English Writting. Comme en France, certains sont physiquement plongés dans leur évaluation, la tête courbée sur leur copies, le dos rond, la posture tendue et légèrement crispée, mordant leur langue dans un travail minutieux de reconstitution ; un souvenir en l'occurence, le récit d'un souvenir. D'autres encore, comme en France encore, allongent leurs jambes, décrassent leurs ongles et comptent les fissures des plafonds poussièreux. Ceux-là ne reviendront pas l'année prochaine. Pour la plupart des 8° grades qui s'ils échouent, devront s'inscrire à la Summer School pour repasser les Test. Et chercher une autre école s'ils ratent une nouvelle fois.

Monsieur S. revient. Je reprends ma place dans le couloir.

Des couloirs silencieux. Tellement silencieux dans cette école que c'en est surréaliste. Alors je décide d'en profiter.

Je profite du bruit de l'air climatisé que pour la première fois j'entends sortir des bouches d'aération ; je profite des portes qui ne s'ouvrent pas, oubliant pour un temps le balai incessant et insupportable des élèves qui rentrent et qui sortent des salles de classe pour tout et pour rien, boire ou prendre l'air, fixer leurs uniformes ou disparaître : je profite des quelques personnes qui passent, du bruit de leurs pieds, de leur démarche assurée ou lente, empressée ou fatiguée, devinant qui ne changerait de travail pour rien au monde et qui, en rentrant chez lui le soir, se mettrait à parler tout seul en remontant Clairborne avenue ; je profite du son feutré que produit le chuchotement des élèves qui demandent un taille-crayon ou une gomme à leur surveillant, utilisant pour la première fois surement cette capacité ici inexploitée des cordes vocales qui peuvent émettre un message sans pousser la voix jusqu'au hurlement strident ; je profite de l'absence de bruits qui bousculent même les femmes de service, officiant pendant la journée, et qui ne savent plus, puisqu'elles se fient au vacarme, quelles salles sont occupées et quelles salles ne le sont pas.

Le silence ici est une chose que personne ne connaît, et voilà ce que sont les Leap Test dans cette école : un silence absolu, unique, non réitérable.

Ah la belle semaine des Leap Tests...