vendredi 29 août 2008

Préparer une évacuation

Ayant sagement écouté les conseils de ceux qui savent, nous avons décidé de partir entre minuit et une heure du matin. Nous sommes donc rentrés aujourd'hui après l'école dans le but de préparer les affaires et de dormir un peu avant de décoller.
Ci-après LA liste :
- Emporter les médicaments de premier ordre
- Acheter du désinfectant
- Acheter de l'eau
- Retirer de l'argent liquide
- Vider le frigo, laisser la porte ouverte et le débrancher
- Recharger tous les appareils électroniques ( téléphone, ordi portable, batterie en tout genre)
- Emporter tous les papiers importants (passeport, contrat d e travail, etc)
- Mettre en hauteur tout ce qui reste
- Protéger les fenêtres qui ici n'ont pas souvent de volets.

Et pour cette dernière directive, notre propriétaire qui vit juste à côté de chez nous a fait très fort.

Durant la deuxième phase de notre préparation - le roupillon- il a cloué aux baies vitrées donnant sur la rue ainsi qu'à la porte d'entrée, des planches et des plaques de bois qui en barricadent l'entrée, empêchant ainsi les gens d'entrer (comme ça a été le cas pour Katrina au moment des pillages) mais aussi de sortir... Nous !Fort heureusement, nous avons retrouvé la clé de la porte de derrière et en serons quitte pour faire un gentil petit tour de la maison avec nos bagages pour accéder à la voiture.

La théorie des jumeaux.

Message spécial aux jeunes mamans de notre entourage qui en plus, suivent activement notre blog : Nath (notre Beyoncé de collègue d'anglais), Flo (Notre alsacienne de collègue d'anglais), Marie (ma vieille moitié rémoise) et ma Maud ( à qui je pense tout particulièrement depuis qu'elle m'a annoncé qu'elle avait mangé chinois avec son homme il y a quelques semaines...).

Il y a ici un nombre incalculable de poussettes pour jumeaux devant les maisons et dans les magazins. Un nombre en tout cas bien supérieur à ce que l'on peut voir en France ; Loëtitia a donc développé une théorie qui ma foi semble tenir la route.

Soit 1. les hormones à haute dose contenues dans certains aliments telle que la viande, le lait ou le poisson, accentue physiologiquement les chances d'avoir des jumeaux.
Soit 2. les femmes américaines semblent être de grosses bosseuses qui privilégient peut-être leur carrière avant de construire un foyer avec enfant. Elles attendraient donc peut-être plus que les femmes européennes, et à la ville comme à la maison, ne souhaiteraient pas patienter derrière Mère Nature qu'elle se décide, plus lente passée un certain âge, à faire son oeuvre. Elles auraient donc recours plus facilement aux stimuli hormonaux d'où, admirable conclusion, le nombre assez répandu de jumeaux.

Vous pensez que je suis en plein fantasme ou que l'une ou l'autre de ces théories est plausible ?

Evacuation

L'ouragan arrive bien et nos écoles respectives ont fait passer l'information aujourd'hui qu'elles seraient fermées jusqu'à mercredi. Les profs ont recouvert et protégé tout le matériel informatique, nous avons rendu toutes nos clefs et chacun est parti en fin de journée sur un "Be careful and take care". Scott, un collègue de maths, m'a tenue au courant des avancées de l'information toute la journée, et m'a indiqué une bonne partie des marches à suivre. Il vit ici depuis 20 ans et je lui suis reconnaissante d'avoir veillé à ce que je comprenne tout ce qui se disait.
Nous prenons la route pour Memphis vers une heure du matin avec 2 acolytes de très bonne compagnie et serons hébergés chez une copine américaine qui possède une belle et grande maison de famille en plein coeur de Memphis. Y'a pire comme scénario d'évacuation.

J'espère que Gustav déviera de route d'ici mardi - jour durant lequel il est censé frapper - et que nous reviendrons au plus tard mardi après-midi.

D'ici là, Love me tender ! 


jeudi 28 août 2008

L'ouragan Gustav



Petit message pour rassurer : j'ignore si les médias diffusent l'information en France, mais un ouragan qui porte - pour une fois- un nom masculin, Gustav, menace la Louisiane. Il n'est pour l'instant "qu'une" tempête tropicale, mais est sur le point de s'engouffrer dans le golfe du Mexique ; les eaux chaudes risquent alors de le faire devenir un "hurricane" de force 2 voire 3. Sur 5.
L'ordre d'évacuation officiel n'a pas été donné pour l'instant parce que la trajectoire de l'ouragan n'est pas rigoureusement déterminée (quoique les images satellites soient assez inquiétantes, voir ci-joint), mais tous mes collègues américains quittent la Nouvelle-Orléans ce week-end. Tous m'ont exortée à quitter la ville. Certains, très marqués par Katrina, voient déjà leur maison inondée et leurs meubles, photos, instruments de musique, perdus.
Nous avons eu à l'école une réunion d'information à ce sujet pour nous confirmer que "cette fois-ci", le système informatique de paiement des salaires fonctionnerait.. Au cas où nous devrions rester hors de la ville plus longtemps que prévu.
C'est une atmosphère très particulière pour nous qui ignorons tout de ces phénomènes d'évacuation, de danger climatique et surtout de risque.
Ce qui est terrible m'ont-ils dit, c'est cette affreuse coïncidence : vendredi, c'est le jour anniversaire de Katrina, célébré dans mon école et j'imagine, dans bien d'autres.
Les informations d'aujourd'hui laissaient entendre que l'ouragan frapperait lundi après-midi ou mardi matin. Lundi était de toute façon une journée chômée pour cause de "Labor day", jour férié américain. Mardi le sera surement aussi par la force des choses, et la suite est pour l'instant tout à fait imprévisible.
Conclusion, nous partons vendredi dans la nuit vers le nord pour passer le week-end à Memphis. C'est le principe de la pierre qui fait 2 coups en 1 : évacuer et faire du tourisme. Le problème est de ne pas partir trop loin pour être à même de revenir dans des délais raisonnables si l'ouragan dévie de trajectoire et passe à côté de la Nouvelle-Orléans, mais de sortir des zones à risques. C'est donc le Mississipi, l'Alabama (Sweet home Alabama... Ca vous rappelle jamais la BO de Forest Gump ce mot, à vous?) ou le Tenessee qui sont les plus indiqués.

Donc, ne vous inquiétez pas famille et amis : quoique vous entendiez aux infos, nous ne serons pas à la Nouvelle-Orléans jusqu'à ce que tout se tasse.

mardi 26 août 2008

Avis aux commerciaux automobiles...





Message spécial à tous ceux qui éventuellement, se destineraient à une carrière de commercial dans l'automobile et qui peut-être présenteraient les caractères suivants : grand, têtu, dormeur, déterminé, long buste et cheveu épais.. Viens donc voir un peu les voitures d'ici. C'est autre chose que tes Renault, hein!

Bibou à Mum

AVANT LA FIN DE L'ANNEE  ???

YEEESSSSSSS !!!!

Petit souvenir d'été...

A vous !






Caroline ma toute belle, Ludi ma redoutable, Marie, Ma Maud, Céline, vous me manquez tant.


La (mal) bouffe ?

Que n'entends-je encore les "Tu risques de prendre du poids là-bas, hein!" et les "Comment tu vas réussir à trouver des produits frais?"... 
Rassurez-vous : on peut très bien manger en Louisiane, trouver des produits de très bonne qualité, malgré le fait que tout soit ici "Fat free" (mais aussi vitamin free du coup), et ne pas prendre de poids. Au contraire même. Puisque je n'ai que 20 mn pour manger le midi, comme tous les enseignants aux Etats-Unis, et que je dois changer de salle dans ce labs de temps pour installer tout mon matériel, je ne mange pas le midi. J'ai donc perdu 2 bons kilos et mon blender flambant neuf tourne à plein tube quand je rentre. 
Les fruits en provenance direct d'amérique latine sont très bons et les légumes aussi variés qu'en Europe. 
Attention toutefois mesdames au lait qui, bourré d'hormone, vous fait un bonnet E en un rien de temps. Idem pour la viande. Voilà pour la première partie du "How to eat in New Orleans".
A suivre.

Journée d'école.

Ce message, dénué du moindre intérêt pour les non initiés, n'intéressera peut-être que mes anciens collègues alsaciens (auxquels je pense avec une affection toute particulière) et ma tante (à laquelle je pense beaucoup ces derniers temps, tant elle savourerait mes découvertes scolaires comme le Canard Enchaîné savoure le montant des indemnités allouées à Bernard Tapie dans son long combat judiciaire contre le Crédit Lyonnais), puisqu'il y est question du rythme de mes journées de travail à l'école.

Après avoir eu une classe par jour pendant une semaine (oui, oui, une classe, une heure... par jour), j'ai enfin 3 classes de respectivement 14, 21 et 27 élèves. Je vous entends d'ici, les non profs, me dire : "UNE HEURE ??!!" Ha oui, mais attention, ce n'était pas n'importe quelle heure : 27 élèves tous plus ingérables les uns que les autres. En 7° grade (ce qui correspond à nos 5°/4°), ils ont jusqu'à 15 ans et sont tous bien plus grands que je ne le suis. N'ayant aucune envie de prendre part à un cours qu'on leur a imposé (rappelez-vous, ma principale ne m'attendait pas à la rentrée), ils sont ravis d'être assis quelque part, mais ça s'arrête là. J'ai compris ces 3 dernières semaines l'impuissance des profs qui ne peuvent rien faire pour gérer leur classe. Mon problème en l'occurrence est que je ne dispose pas des armes linguistiques pour réagir vite et de façon cinglante. Et de toute façon, dans la mesure où j'ai signé (comme tous les autres profs) un papier par le biais duquel je m'engage à ne faire subir aucun corporal punishment à mes élèves - ce qui inclue l'exclusion de la salle de classe et les punitions écrites...- je n'ai aucun recours contre quoi que ce soit. Parce que oui, je dispense mes cours en anglais dans la mesure où mes élèves n'ont jamais fait de français, et que trop grands déjà, ils n'ont pas la patience d'attendre quelques semaines que la langue commence à faire sens.
Bref, quoiqu'aujourd'hui je sois sur la voie d'un mieux, c'est un groupe que je ne souhaite à personne.

Je n'ai donc que 3 heures de cours devant élèves, mais le règlement dans toutes les écoles publiques américaines oblige l'enseignant à être présent au collège de 7h40 à 16h00. Sans oublier les réunions de une à deux fois par semaine jusqu'à 17 heures. Les profs américains ont droit à 1 heure par jour de libre, les Preparations plans, qui leur permet de préparer quelques cours (en sachant bien, nous autres les profs, qu'en une heure, on prépare rien du tout!), heure qu'ils se voient parfois supprimée pour remplacer un collègue absent. Il n'y a en effet pas ici de surveillant, de CPE et autres fantaisies françaises! 

Je suis ainsi souvent appelée comme substitute afin de remplacer mes collègues partis camper (véridique!) et prie toujours pour qu'ils aient laissé du travail à faire au lycée, tant l'idée de faire des mathématiques en high school m'est difficilement représentable..

Bref, étant une des rares candidates au programme affectée dans une école publique américaine, c'est un témoignage isolé que je laisse ici et à mes collègues affectés 
eux en école d'immersion ou mieux, comme Arnaud, en école française, je dis : j'ai peut-être pas vos élèves, mais moi mon anglais, au fin fond de mon école délabrée,  je l'improve !!

Encadrée par le drapeau américain qui flotte dans toutes les classes, attentive au serment d'allégence récité chaque matin par le haut-parleur qui donne de la voix dans toute l'école, assise dans ma salle de classe, sérieuse et concernée, j'attends le raz-de-
marée de mes 7° grades. 

L'école publique américaine.

Malgré le fait que nous soyons abreuvés depuis notre plus télévisuelle enfance de caricatures américaines ; malgré le fait que l'on avait à demi-mots attiré mon attention sur les difficultés de l'école publique américaine depuis Katrina ; malgré le fait que je ne m'attendais à rien ; j'ai hal-lu-ci-né. 

Le jour de la pré-rentrée, j'ai débarqué dans un talk-show d'Oprah Winfrey où les profs scandent des "Yes M'am" et quelques "Alleluia man" au gré des discours les plus enthousiastes de la principale et des chefs de secteurs malcolmXisés. L'ambiance est celle du film Shaft. Sans aucune exagération. Ne dites plus que les américains en font trop dans leurs films, dans leurs séries, ne dites plus qu'ils y vont fort dans la peinture des comportements, des communautés, du comique de geste : je suis en plein d'dans! Mes collègues claquent des doigts et projettent leur bras en arrière quand ils envoient une vanne, ils rient aussi fort que Will Smith quand Carlton se met à danser sur Tom Jones, et se gondolent en tapant dans leurs mains quand un truc les fait rire. Ils mangent à toute heure de la journée et dépensent un fric fou dans les 4 distributeurs de ... la salle des profs... Oui, 4. 

Et comme ça va de paire, ils sont tous d'une grande gentillesse et leur expérience, leurs récits, leurs anecdotes, leurs échanges, leurs codes, rendent mon expérience extrêmement riche et profitable. Pour le coup, c'est moi qui suis en immersion.

La voiture...

D'abord, la voiture.

Il y a une semaine, nous avons acheté notre voiture.
5000 dollars tout compris (taxe, plaques, etc), 90 000 miles, Dodge caravan bleu foncé, portes coulissantes, la totale. Certains diront "La familiale?". En partie, oui. Nous nous sommes rendus chez Landry's, fournisseur de used cars bien connu à la Nouvelle-Orléans, et nous avons opté pour le moins gros mais le plus spacieux dans sa gamme, le plus économique niveau essence et le moins moche.

Revenue à la maison, je me dis que quelques photos seraient les bienvenues sur ce blog et je me dirige donc vers mon engin, bien campé sur sa tonne et demie, appareil photo vissé à l'oeil droit. Et là, vision d'horreur, terrifique ironie de la vie : sur l'arrière de la voiture, la marque de l'infamie... Un poisson... Des pentecôtistes... Le poisson a été décollé, mais la colle a laissé à tout jamais l'empreinte indélébile de ce contre quoi Arnaud hurle à la mort les soirs de grosse journée. Notre voiture appartenait à des pentecôtistes. 


Nous avons dû nous y faire...

A côté de ça, je dois dire que pour la première fois de sa vie, ma mère a tort : conduire une automatique, c'est génial. Rien de plus simple, rien de plus reposant, rien de plus américain.
Nous voilà partis, cheveux ébouriffés par la clim surpuissante, en quête des garages sales* les plus proches quand au détour d'une petite route cabossée, la voiture tombe en rade.
Alternateur foutu. En pleine chaleur de mois d'août (à peu près 140 000 degrés), dans 
un quartier pas franchement accueillant du sud de la ville, les copines à l'arrière qui voulaient venir avec nous, bref, les boulets. 
Garage appelé, grosse gueulante, voiture récupérée par la dépanneuse, nous 5 (Notre bonne âme Laëtitia nous avait rejoints pour nous aider) coincés sous un des seuls panneaux du coin pour avoir un peu d'ombre ; le tableau était parfait.
Depuis, le garagiste a changé l'alternateur, la batterie, s'est excusé et a évité de nous demander de l'argent. Tout va bien. Malgré cette impression persistante et désagréable qu'on les accumule un tantinet.


C'est reparti!

Bon ça y est, cette fois, je suis de retour. 

Laissez-moi vous expliquer : j'avais l'électricité mais pas encore internet. Parce que figurez-vous que la légende selon laquelle aux Etats-Unis, il y a des réseaux free access partout, hé ben c'est du pipo! En fait, tous les réseaux wireless sont verrouillés et on était comme des gl... à pas pouvoir se connecter. Restaient les cafés dans lesquels tout le monde se rend jusqu'à point d'heure pour travailler, mac sous le bras, mais il aurait fallu que nous en ayions le temps. Or nous sommes des gens très occupés. Des profs, quoi. 

Mais enfin, votre attente est récompensé, j'ai un monceau de trucs à raconter. 

mercredi 20 août 2008

Entergy : Highway to hell....

Entergy est la seule et unique entreprise qui fournit l'électricité à la Nouvelle-Orléans. Autrement dit, ils ont le monopole. Autrement dit, ils se foutent complétement de la qualité de leur service. Autrement dit, on a dû attendre 2 semaines pour avoir l'électricité.
Si on savait, épuisés que nous sommes, déracinés, accablés de travail et de chaleur, si on savait manier le 13° degré, notre aventure avec Entergy serait l'un des plus grands fou-rires de cette dernière décennie. Sauf que voilà, on n'a pas dépassé le degré et demi en matière de prise de recul et d'humour ces deux derniers mois.

D'abord, vous passez 2 heures au téléphone - après avoir appuyé sur 11 touches pour avoir le département concerné- à essayer de comprendre ce que vous dit l'employé(e). Vous apprendrez quelques jours plus tard qu'il vous suffit de demander un interprète pour que votre laborieuse explication concernant le Social Security Number que vous n'avez pas encore, soit facilitée. Mais passsons. Une fois tous les renseignements pris, ils vous disent que vos informations doivent être vérifiées par un service compétent avant de donner "the order" Quoi "the order"? Mais who? When? How? Pas d'éclaircissement supplémentaire. Francais, vous attendez jusqu'au lendemain et vous rappelez, vaguement inquiets, sentant une vieille odeur de renard entâcher l'affaire. On vous dit que non, vos informations n'ont pas encore été vérifiées. Vous rappelez tous les jours jusqu'à ce qu'on vous dise que vos informations ne sont pas suffisantes, qu'il faut faxer les passeports et les visas (dont vous avez déjà donné tous les numéros) immédiatement. Un dimanche. Ce que nous avons fait. Vous rappelez le lundi et là, une bonne femme visiblement au courant de tout, après que vous lui avez (je sais c'est moche l'indicatif, mais c'est la règle : "après que" + indicatif) fourni de nouveau toutes les informations, vous dit qu'entergy passera "on thursday" installer l'électricité. Victoire. Vous demandez à la copine d'une copine de venir passer toute la journée chez vous (appartement vide, sans clim, ni radio, ni télé) pour recevoir les gars d'entergy. Sauf qu'ils ne viennent pas. On appelle le soir : "Sorry, there is nothing on your file for today"... Ok. Et évidemment, il faut rappeller le lendemain pour avoir le service de vérification qui n'est plus ouvert passé 17 heures. C'est ainsi que le lendemain matin, cachée au fin fond des toilettes des profs de mon collège (qui interdit qu'on téléphone pdt la journée), je fais un scandale en disant qu'Arnaud est sous dialyse et que nous ne pouvons plus attendre un jour de plus pour l'électricité.
Sauf que voilà, ils n'en ont rien à f..... ! Ils me demandent de faxer de nouveau tous les papiers (de mon bahut où la principale sait à peine que j'existe), et me disent qu'ils ne pourront pas venir avant mardi. Nous sommes jeudi et nous attendons depuis une semaine.
Je prends LA décision qui s'impose, réveil à tous les étages : j'appelle le codofil, qui implique le consulat, qui appelle entergy. Ca ne change rien.
C'est ainsi que la "Chief ops" de l'école d'Arnaud, américaine qui déteste qu'on lui marche sur les pieds, intervient et passe près de 3 heures au total, pendue au téléphone, secondée de très près par notre Laëtitia qui s'est épuisée à demander à parler à un manager, à essayé de débloquer la situation. Elles finissent par obtenir un rdv pour lundi. Un jour de gagné, c'est toujours ça. Donc, nous refaisons venir la copine, qui attend de nouveau toute la journée. Pour rien.
Comment ça ? intervenez-vous, surpris et curieux...
Et ben oui, ils ont juste menti en concédant une avance sur le rdv de mardi pour que nos deux coachs leur foute la paix... EDF a des leçons à prendre, hein.

Bref. Ce soir, c'est Versailles à la maison et la clim fonctionne à plein régime.

Et me revoilà, lecteurs avides, prête à tout vous raconter.

Titre du prochain post : Chronique d'une prof étrangère à l'école publique.

mercredi 13 août 2008

No internet...

Je profite d'un très court accès à internet pour vous faire patienter, lecteurs avides, et vous promettre que dès que nous aurons l'électricité, je vous parlerai de mes élèves (ben oui, la rencontre a enfin eu lieu et j'ai pris toute la mesure du terme "folklore" à cette occasion), des gens qui courent, de la Chase, des phones cell, des lessons plans, des shotguns, d'Entergy, du Saulet, du grand-père cajun et autres curiosités plus ou moins enthousiastes. Je vous balance le tout-venant, mais tout sera beaucoup plus clair dans un prochain post. Merci de votre patience.

vendredi 8 août 2008

A l'américaine

Après presque 10 jours passés ici, quelque chose continue de nous choquer. La gentillesse et l'amabilité des gens. C'est juste pas croyable. Quelques exemples :
- Quand vous cherchez votre chemin en voiture (comme nous pour visiter les apparts), vous pouvez rester coincé à une intersection pendant un long moment, sans savoir où aller bloquant par là-même une file de voitures derrière vous : prenez votre temps, personne ne klaxonnera ni ne râlera.
- Quand vous marchez dans la rue, dans un quartier résidentiel, qui que vous croisiez, il vous dira toujours bonjour, souriant, et fera suivre d'un "How ya doin?" plein de courtoisie et de spontanéité.
- Excepté dans certains cas particuliers, vos collègues seront avec vous d'un souriant et d'une gentillesse parfois sans borne, si vous respectez toutefois les règles de sociabilité en vigueur ici (sourire même quand vous avez envie de vous pendre, "good morning" tous les matins sans oublier personne, "Hi" dans la journée quand vous les recroisez, etc). Vous aurez alors droit à "Hey girl" dès votre arrivée, ou à un "scuse me sweetie" qui fait toujours un p'tit peu de bien le temps d'une seconde. C'est vrai que "sweetie" c'est agréable à entendre, non ?
- Quand vous emménagerez dans un nouveau quartier, les voisins qui vous verront déposer des meubles et autre nécessaire de survie dans l'appartement flambant rénové, viendront à vous pour se présenter, vous souhaitez la bienvenue et vous dire qu'ils sont enchantés que vous soyez là. Ce fut notre cas ce soir et nous sommes en sommes encore perplexes.

Bien sur, certaines règles sont ici des principes clefs qu'il convient de ne pas prendre à la légère et de respecter scrupuleusement :
- Ne soyez jamais en retard. Si vous pensez arriver 5 mn après l'heure fixée, téléphonez.
- Ne passez jamais devant quelqu'un dans une file d'attente : vous serez fixé par l'entourage avec mépris et de manière irréversible.
- Ne vous plaignez pas. Vous êtes ici dans un pays de travailleurs acharnés qui ne comptent pas leurs heures et ne comprennent pas que l'on puisse être fatigué un lundi.

C'est niais surement, tellement cliché surement, et c'est peut-être une façade bien sur, mais ça vous pousse à faire de même, à être meilleur, à être moins c.... .

jeudi 7 août 2008

Il faut quand même vous dire...

Il faut quand même vous dire un truc à propos de la Louisiane...Vous pensez peut-être (comme moi fut un temps déjà lointain) que Louisiane = Etats-Unis = Pays civilisé = Béton = Pas de bestiole.
Vous avez rarement eu aussi tort.
Les cafards courent les rues à la nuit tombée, ils sont gros comme des savonnettes et ceux-là, ils volent (!!!); les guêpes se sont laissé pousser les jambes de devant, ce qui leur donne un aspect spectral et venimeux des plus engageants ; les araignées - quoique moins "visibles" à la Nouvelle-Orléans que dans les bayous - sont de nature aussi diverses que tétanisantes (cf la désormais célèbre brown spider recluse) ; les serpents sont aussi nombreux que colorés et peuplent les cours d'eau; les fourmis de feu infligent des piqûres qui nécessitent parfois des antibiotiques pour résorber l'oedème et de la morphine pour calmer la douleur; et les moustiques... Ils vous sucent le sang jusqu'à aspirer du ligament...
Aussi, si subitement j'arrête d'écrire de nouveaux posts dans ce blog, sachez que je serai à l'hopital le plus proche en train de mourir du palu, de la malaria, d'une nécrose galopante ou d'une terreur irréversible, que je serai donc surement ruinée (voir prochainement le système de santé américain) et que j'aurais alors besoin de votre compassion la plus sincère.
Pour l'épitaphe : "Quand je vous avais dit qu'elle était venimeuse..."

Our house!






Dans la mesure où la générosité du school board quant à l'hébergement gracieux prend fin demain après-midi, il était grand temps, enfin, de trouver un chez nous. C'est chose faite.Cheminée dans toutes les pièces, parquet louisianais, cuisine équipée, charme, tranquillité. On est bien content.


La guest house



Quand vous quittez le stage de Baton Rouge, quelque soit votre paroisse d'affectation, le school board vous héberge pendant une semaine. Futurs collègues, parents d'élèves, hôtel. Nous, c'était la guest house. Et je me disais que vraiment, vous deviez voir ça avant les photos de notre nouveau chez nous. On admire et on se tait...

mercredi 6 août 2008

La pré-rentrée

Oui, il fallait bien qu'à un moment ou un autre, je finisse par entrer en contact avec cette école du district de la Nouvelle-Orléans au sein de laquelle je vais tenter d'enseigner le français.
Je suis l'une des seules du programme (et je partage ce privilège avec une poignée de chanceux) à enseigner dans une vraie école publique américaine. Avec tout ce que cela comporte.

L'école sous son plus beau jour. Influence hispano-mexicaines.

J'ai du mal à décrire cette première journée... Tout d'abord, merci à ma collègue américaine, prof de "language art" que j'avais rencontrée quelques jours auparavant et qui est venue me chercher ce matin, m'a guidée au cours de cette journée, et m'a expliqué 2, 3 expressions idiomatiques quand j'étais trop larguée.
La journée a commencé fort : la principale ignorait qu'elle avait un professeur de français cette année... Je me suis donc présentée en respectant scrupuleusement tous les codes de conduite dispensés par le codofil : "Hi, I'm Carole, The new french teacher.. Nice to meet you... Thank you...", le tout enrobé d'un large sourire et d'une vraie volonté de me faire accepter. Auprès de la principale qui ignorait donc ma venue, ça m'a valu un "Sit here and wait!". Ok... Je m'assois donc hein, j'attends les instructions, et elle finit par me dire après avoir téléphoné à un vague type "Hey sweetie, come and sign"... Ok... A ce moment, je pense que je vais devoir apprendre à surfer sur les vagues et gérer les courants contraires...
Bref, elle me donne les clefs d'une salle, MA SALLE, et je me dis que l'affaire ne commence pas trop mal, mais la salle en question est pour l'instant pleine à craquer du matériel livré pendant les vacances et encore en carton. Je n'aurai donc pas d'élève avant que tout soit déménagé. Bizarrement, ça ne me gêne pas.
On se réunit dans le CDI de l'établissement (où Léon Tolstoï devient Léo Tolstoï) et je m'assieds parmi mes nouveaux collègues après avoir fait le tour des visages généralement très souriants et très cordiaux, avec ce même refrain à la bouche "Hi, I'm Carole....etc".
Le silence se fait lorsqu'un immense professeur se lève et entame une cantique rapide et inaudible. Cantique, le mot est bien choisi. Après m'être tournée vers les autres pour saisir les réactions et les plaggier piteusement, je me rends compte que tout le monde a la tête basse et les yeux fermés. C'était une prière. J'ai attendu le Amen final et me suis dit que les choses commençaient vraiment.
Après ça breakfast : bouillie de riz, bacon grillé, steacks hachés, muffins, baggels, fruits frais, jus de fruits. Ici quand on mange, on mange et on mange.
Pour le reste, ce fut une journée extrêmement riche d'enseignement et je me dis que finalement, les postes d'immersion qu'occupe une grande partie de mes collègues (programmes français, cours en français, collègues français) ne sont pas le meilleur moyen de partir en quête de la vie américaine du quotidien, des institutions, des moeurs, des populations.

Ecole difficile, surtout depuis Katrina dont personne ne s'est vraiment remis ici, ambiance typique des séries américaines (oui, dites-vous bien ça : il n'y a aucune velléité de caricature dans les films américains, les films à la De Niro, les films de gangs. Tout est d'un réalisme ahurissant, tant chez les profs que chez les élèves.) ; mais je crois que je vais m'y plaire.
A suivre.

Recherche appartement (suite et fin)

Voilà le topo : exigences maximales quant à la sécurité du quartier parce que réputation de la ville "unsafe", appartement ou maison typique de la Nouvelle-Orléans, 2 chambres pour accueillir les touristes et une cuisine équipée. Le tout pour moins d'un certain prix (quoi quel prix ? Vous pensez quand même pas que je vais vous dire combien je loue mon appart??) Ce que je peux dire néanmoins, c'est que depuis que nous regardons les appartement sur la craigslist, c'est-à-dire une bonne année et demie, les prix ont flambé. La crise de l'immobilier fait que les gens ne peuvent plus acheter et qu'ils se ruent sur les locations : ce qui donne l'occasion aux "owners" d'augmenter considérablement leur prix sans trop se poser de question. Depuis un an, les loyers ont augmenté d'environ 300 à 400 dollars.
Bref. En toute fin de journée, après 4 jours non-stop de recherches sous un cagnard de démon, c'est la toute dernière maison qui a mis fin au calvaire. Je mettrais de photos très prochainement de ce nouveau chez-nous qui attend désormais les compagnons de route.

dimanche 3 août 2008

Recherche appartement chaleureusement...


La recherche d'appartement est notre priorité ce week-end : première raison, on a envie d'être vite chez nous. Rien de très original finalement, hein! Deuxième raison : notre Guest-House est...comment dire... un peu... kitch et pas reluisante reluisante, quoi. Bref, on est logé gratuitement cette semaine - et c'est extrêmement pratique - mais on voudrait trouver THE appartement ou mieux THE house. Merci à Laëtita pour le temps investi, et à sa jeep qui a tenu des heures durant en seconde au milieu des rues à la recherche des "For rent" ou "For lease", sous une canicule hallucinante d'humidité.
Pause cookies au Coffee shop du coin pour profiter des innombrables accès wifi de la ville et consulter les annonces. A suivre.


Fête blanche à New Orleans


Deuxième soirée à la Nouvelle-Orléans et déjà, une fête.

Dans toute la ville, par une chaleur tropicale, les gens sont sortis de tous les recoins, drapés de blanc, grande robe, tunique, chemise, pantalon en lin, tee-shirt, marcel, pour célébrer la White Linen Night.

Toutes les galeries d'art étaient ouvertes au public jusque tard dans la nuit et avec Lilian et Jamie, nous avons parcouru les rues brûlantes, et laisser une marque de notre passage sur une des oeuvres d'art éphémères qui peuplaient les rues.

samedi 2 août 2008

Unique


Vous avez déjà vu un groupe de jazz jouer dans un supermarché ? Moi, si.

Arrivée à la Nouvelle-Orléans...

Mettons-nous en situation :

Vous avez passé 3 jours dans un hotel très confortable de Baton Rouge, piscine, climatisation, lits gigantesques, on vous a mâché le boulot pendant 3 jours et 3 nuits, vous avez un peu perdu de votre mordant et de votre ardeur. Quelqu'un - supervisor, collègue, directrice - passe vous chercher après le dernier repas (qui a dit "du condamné" ??) pour vous emmener dans votre paroisse d'affectation. Enfin, la Nouvelle-Orléans. Vous dites-vous.
Vous empruntez la A 10 (prononcez "Aïe tène") qui surplombe les bayous, vous croisez les premiers oiseaux blancs magnifiques, la végétation luxuriante, l'immensité du Lac Ponchartrin qui ressemble à une mer intérieure, vous êtes bien, vous êtes beau, le monde n'est qu'amour et volupté.
20 minutes passent et vous entrez par la même autoroute à Nola. Par Claiborne avenue. Très très mauvaise entrée en matière. Quoique Claiborne puisse être une chouette avenue par endroits, ici elle traversait des quartiers ... euh... pourris. Mais quand je dis pourris, je dis que je m'attendais à voir Al Pacino sortir des habitations délabrées pour régler ses comptes avec les gens qui erraient et qui, eux, semblaient tout droit sortis du film "La cité de Dieu". C'est là qu'on a débouché sur mon école. Gros gros coup de mou.

Mais heureusement, il y a eu Laëtitia. La directrice de la section française de l'école d'Arnaud qui nous a emmené le soir même faire un tour dans son quartier à elle, la Nouvelle-Orléans d'uptown,
typique mais locale, aux maisons fabuleuses de calme et de bougainvilliers. Voilà, c'était ça notre Nouvelle-Orléans.

Dernière soirée du stage

Dans un mail adressé à chacun de nous par un des big boss du programme, il était question d'un spectacle que les enseignants devaient préparer pour sceller la fin du stage dans la joie et l'entrain avant d'entamer les choses sérieuses... Ouais... Etant du genre "Arrrgggh, un spectacle!!!", on avait émis en interne quelques réserves quant au degré et à la qualité de notre implication dans ledit projet ; et puis une idée malheureuse en entraînant une autre, on s'est retrouvé mi-au hasard, mi-volontiers, dans un groupe d'enseignants pleins d'élan décidés à chanter "Aux champs Elysées" devant les formateurs, les enseignants belges, espagnols, mexicains ainsi que ceux du Yucatàn et du Canada...

Et là, ceux qui connaissent Arnaud vont avoir besoin de s'asseoir.
Enthousiaste et créatif, il a proposé (seul mâle du groupe en question) de nous faire un numéro à la Aldo Macione, lunettes noires et démarches de lover, sur le devant de la scène. J'ai mis quelques secondes à reprendre mes esprits avant de me demander : "Il se passe quoi là au juste ?!" Bref, il a eu un succès fou (accompagné de Lilian qui a voulu rejoindre la fine équipe), les espagnols ont repris la main quelques minutes plus tard et le spectacle a fini en féria du tonnerre. Moment vraiment sympa.









La bonne vieille queue-leu-leu...