jeudi 5 février 2009

"God made us!"

Allez savoir pourquoi, parfois, dans le déroulement normal, usuel, planifié de votre heure de cours, quelque chose dérape et vous vous retrouvez à 100 000 lieues de l'endroit, du savoir, auquel vous comptiez aboutir. Aujourd'hui, après un power point sympa sur la géographie européenne (si, ça existe les power point sympas sur la géographie européenne), les élèves en sont venus à me poser la question à 100 patates : "M'man, do you know the color of the first man on Earth ?"

(Silence perplexe)

- "Africa is supposed to be the Humanity birthplace, so I guess they were black."

(Silence perplexe de l'autre côté)

- "You mean God choose to create black men first ? - ... - M'mam ? "
- Ok... Well... What did the sciences teacher tell you about God and the creation of the world ? - She said God made us but it's not in our books, because she said it's not good to talk about God in our school books.
- Ok... Well... Let me ask you a question so; raise your hands those who think God made us..."

(La classe entière, 25 élèves, lève la main)

- "Ok... Well... Are you sure of that ?
- Oh yes Miss ! I'm sure God made us, God m
ade us Miss, Amen ! (Et de les voir se lever, pointer le ciel du doigt et agir comme dans une église un jour de tournage) What do you think Miss ? That we come from the monkeys ? That's all craps Miss, I'm telling you, God made us, God made us !
- Ok... "

Là, 2 solutions : soit vous choisissez de les laisser croire, puisque c'est ici une évidence pour tout le monde, que vous allez à la messe tous les samedis et dimanches matins et que vous aussi, vous pensez que Dieu nous a fait à son image ; soit vous tentez de leur expliquer qu'en France, on a plutôt tendance à être d'accord avec les thèses scientifiques qui tendent à prouver que peut-être les théories de l'évolution ne sont pas si stupides qu'elles en ont l'air dans leur bouche.
Ce que j'ai choisi de faire.
Attention toutefois, et c'est là quelque chose de très sérieux, il n'est pas question de les faire réfléchir à leurs croyances, de les critiquer ou pire, de les remettre en cause : ils vous posent la question, vous répondez prudemment, mais rien de plus. On ne s'embarque pas dans un débat autour de quelque chose dont vous ne sortirez pas vainqueur.

- "You know, from a scientific point of view, the origin of life on Earth is a bacterian existence, and the evolution theory is trying to prove that we come from many evolutions through the centuries. That what a large part of the population believe in France and that's what the schools are teaching to the French students.
- Ok Miss, but what do YOU believe ?"

Ben voyons, je l'attendais pas celle-là...

- "Not of your business boy, let's go back to work!"

Même s'ils ne sont pas bien dupes sur mes théories, le fait que je sois française "excuse" mon incroyance et tasse un peu le débat; mais la réalité des choses est bien là, sous mon nez. Ces croyances religieuses inébranlables qui conduisent à faire dire à un professeur de sciences que Dieu a crée l'Homme, mais qu'il ne vaut mieux pas le mettre dans les livres...
Croyances aveuglément approuvées qui aboutissent parfois à des extrêmismes terrifiants.

Le journal Le Monde publiait ce matin même un article sur la montée en puissance des thèses créationnistes depuis l'élection de G.W. Bush, et sur leur invasion dans les écoles, en concurrence avec les thèses darwinistes :

Créationnisme contre évolution : la querelle est ancienne. Le procès de John Scopes, en 1925, figure dans tous les manuels d'histoire. Le professeur de biologie fut poursuivi ­ et condamné à une amende de 100 dollars ­ pour avoir enseigné les théories de Darwin. Il a fallu attendre 1987 pour que la justice interdise définitivement l'enseignement du créationnisme, au nom de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Depuis, les fondamentalistes se présentent comme les victimes d'une pensée dominante. Ils ne réclament pas que l'on enseigne le créationnisme dans les écoles, mais que l'on mette fin à la "censure" et que l'on admette que l'évolution puisse être contestée, ce qui, pour l'immense majorité des scientifiques, relève de l'hérésie.

L'offensive actuelle s'exerce surtout au niveau des programmes scolaires. Aux Etats-Unis, les écoles publiques dépendent de conseils d'administration qui sont élus à l'échelon des comtés. Il suffit d'une majorité au school board pour modifier les programmes. Dans une vingtaine d'Etats, les militants ont introduit des mesures pour affirmer que Darwin n'est pas infaillible. Dans le comté de Cobb, en Géorgie, les créationnistes ont relancé l'une des principales techniques employées depuis les années 1970 : la mise en garde sur les manuels de biologie. Un autocollant a été apposé sur la page de garde : "Ce livre contient des informations sur l'évolution. L'évolution est une théorie, pas un fait, relative à l'origine des êtres vivants. Ces informations doivent être approchées avec un esprit ouvert, étudiées soigneusement et considérées avec un esprit critique." Le 13 janvier, un juge a ordonné le retrait des autocollants. Les créationnistes ont obtenu un délai de grâce jusqu'à la fin de l'année scolaire et ils ont fait appel.

Dans le Kansas, théâtre d'une grande bataille en 1999, le Conseil des écoles, ramené au pouvoir par les élections de novembre 2004, a remis sur le métier son projet de modification des programmes. La définition même de"science" est révisée. Terminologie actuelle : la science est"l'activité humaine qui consiste à chercher des explications naturelles à ce que nous observons autour de nous" .

Langage proposé : la science est "une méthode systématique d'investigation" qui cherche des"explications adéquates aux phénomènes naturels" . Les explications "naturelles" ont disparu.

Sur l'arbre de vie de Darwin, les responsables éducatifs du Kansas proposent de souligner que cette"vision que les êtres vivants sont les descendants modifiés d'un ancêtre commun" a été"remise en question ces dernières années" , notamment par la découverte de fossiles qui témoignent de "soudaines explosions d'une complexité accrue" ("the Cambrian Explosion" ). Aucune des propositions n'a encore été adoptée. Les juges ont endigué, de leur côté, les "opérations autocollants" . Mais les scientifiques s'inquiètent d'avoir vu apparaître un adversaire professionnalisé et bardé d'un nouveau concept, l'Intelligent Design (ID). Le "dessein intelligent".

Les créationnistes jouent sur du velours. Selon un sondage CBS de novembre 2004, 55 % des Américains croient que "Dieu a créé les humains dans leur forme actuelle" (67 % des républicains ; 47 % des démocrates). 13 % seulement croient que Dieu n'y est pour rien. Et 27 % adoptent l'idée d'une oeuvre conjointe : "Les hommes ont évolué. Dieu a guidé le processus." A 65 %, les Américains veulent que le créationnisme soit enseigné en même temps que l'évolution.

Les professeurs de biologie, eux, sont en état d'alerte. A Dover, en Pennsylvanie, lorsque le Conseil des écoles a recommandé, en janvier, de lire aux élèves un préambule affirmant que l'évolution est une "théorie, pas un fait" , huit d'entre eux ont refusé.

Selon un sondage réalisé fin mars, 31 % des professeurs se déclarent soumis à des pressions de la part de parents ou d'élèves pour inclure le créationnisme ou l'ID dans le programme. Le 4 mars, l'un des responsables de l'Académie des sciences, Bruce Alberts, s'est ému dans une lettre à ses collègues : "L'un des fondements de la science moderne est actuellement négligé, voire même banni, des cours de sciences." Il les a appelés à relever un "défi croissant" , enseigner l'évolution dans les écoles publiques.

Fait réfléchir, hein?

lundi 2 février 2009

Le Superbowl : 43° édition de la Grand Messe




Les Cardinals d'Arizona
contre
les Steelers de Pittsburgh.





Hier soir en effet avait lieu la 43° édition du Superbowl. Pour les novices, le Superbowl est la finale de football américain. Elle a lieu tous les ans le dernier dimanche de janvier et attire plus de 200 millions de téléspectateurs à travers le monde, ce qui en fait l'événement télévisé le plus regardé. Le match commençait à 17 h et autant vous dire que s'il y avait un monde fou dans les supermarchés à 15 h00 - chacun faisant ses réserves de bières pour la soirée - à 16h30, il n'y avait déjà plus âme qui vive dans les rues. La Nouvelle-Orléans désertée, c'est une scène à voir.

Invités par ma collègue d'espagnol pour l'occasion, nous avons découvert, fascinés, l'ambiance d'une maison américaine presque typique (Mercedes et son mari, Jorge, sont originaires de Mexico) qui nous a ouvert chaleureusement les bras et que nous remercions. Entre le jumbalaya maison, le chili maison, le poulet frit, le spinach dip et la télé géante, le tableau était idyllique. Au début du match, chacun était chargé de noter sur une carte les scores que les deux équipes atteindraient peut-être à chaque quarter (un match de football américain se divise en 4 quarters) : nous étions à peu près 35, espagnols, américains, français et suisses (si, si!) confondus, et devinez qui a visé juste pour le score du premier quarter ??! Bibi ! Alors bibi a gagné un tee-shirt des Saints (l'équipe de football de la Nouvelle-Orléans) qu'elle a arboré fièrement tout le reste de la soirée.

Le clou du match, un touchdown inespéré pour les Steelers (en jaune), qui étaient pourtant en train de défendre leur ligne contre une offensive imminente des Cardinals (en rouge) ; James Harisson réussit à attraper une passe au vol et remonte le terrain d'une course pour aller touchdowner de l'autre côté à 15 secondes la fin du troisième quarter. Superbe.

Pittsburgh remporte le Superbowl pour la sixième fois.

Bref, la soirée a été délicieuse, l'ambiance déchaînée (surtout que le match est allé de rebondissements en coups de théâtre) et que les pères de famille présents dans le salon se sont mis à jurer devant les enfants avant de s'excuser et de boire une rasade de Bud. Cette expérience au coeur de l'Amérique a été un vrai plaisir et Arnaud, pris au jeu lui aussi, s'est promis en repartant d'acheter une télé. Ce qui me navre. Qui a dit que la consommation entrainaît la consommation ?