jeudi 23 octobre 2008

Des marais à la campagne

Rite d'expatriée, chaque matin, j'épluche les actualités françaises sur internet pour tenter de me faire une idée précise des informations nationales, des aléas de la crise économique, de la dernière bévue UMP et autres évènement majeurs.
Or chez vous, on parle beaucoup de ce qui se passe ici : le duel McCain-Obama.

Si L'Humanité reste prudent et titre un petit "L'avance d'Obama sur McCain se creuse", Libé va plus loin et ose "l'échéance se rapproche, et l'hypothèse d'un président démocrate et métis à la maison blanche se précise" ; quant au Monde, il propose lui une carte intéractive des sondages concernant l'avancée des candidats état par état, grâce à laquelle on ne peut que constater qu'effectivement, l'avance d'Obama sur McCain se creuse :
http://www.lemonde.fr/web/vi/0,47-0@2-829254,54-1100729,0.html

Or voilà ; d'ici, ce n'est pas tout à fait si transparent.

Obama, inutile de le nier est avant tout un symbole. Immergée dans la communauté noire-américaine comme je le suis, en contact permanent avec des professeurs noirs-américains, des élèves noirs-américains, des parents noirs-américains, j'engrange de précieux témoignages de citoyens engagés dans un soutien acharné à Obama, et les raisons pour lesquelles la campagne revêt cette fois-ci un aspect si crucial : Martin Luther King est dans tous les esprits ici, et les ados sont aussi en colère que leurs arrières-grands parents quand ils ne pouvaient pas s'asseoir à l'avant du bus avec les blancs. Pour mes élèves, tout ça est une histoire de famille dont on parle tous les jours ou presque. Et Obama est celui dont Martin Luther King - I have a dream- rêvait. On aimerait voir un président noir à la Maison Blanche. Les élèves les plus concernés, les plus âgés principalement, portent des badges de soutien au candidat démocrate et la plupart des professeurs fait de même. Des portraits titrant "Barack president" ou "Change we can believe in" s'alignent dans les couloirs, bien que certains de mes collègues ignorent tout ou presque du programme démocrate.
A ce stade, vous êtes en train de vous dire : "Ben oui, c'est donc bien ce que les journaux annoncent, Barack mène."

Et bien non. Si les sondages révèlement clairement un bel engouement pour le candidat démocrate, une large majorité de gens pense ici que Barack Obama ne pourra pas être élu.
Une expatriée française installée aux Etats-Unis depuis 20 ans me disait qu'elle ne voyait pas "comment les américains des états majoritairement ruraux, les pur-jus, pouvaient voter pour un président noir". C'est surement cette Amérique dont elle parlait, qui a dit à un de nos amis parti en vacances dans l'Alabama quelques semaines plus tard : "Nous les couples mixtes, on les pend"...
Un autre, résident américain cette fois-ci, natif de la Nouvelle-Orléans, noir-américain, ancien militaire reconverti dans l'enseignement, disait ne pas vraiment avoir confiance en Barack Obama depuis qu'il avait avoué ses penchants pour la cocaïne dans l'autobiographie qu'il a publiée cette année, révèlant ses années difficiles et ses combats personnels (dont celui contre sa dépendance à la drogue) afin surement de couper l'herbe sous les pieds aux détracteurs de tout poil et de tout bord. L'Amérique est une nation de croyants, ce qui peut-être la pousse à ne pas comprendre ce genre de faux-pas, sinon à ne pas le pardonner. Ce à quoi j'ai répondu, vous me connaissez, "Mais pour les alcooliques, c'est moins problèmatique, non ?"
Enfin, comme me l'a appris ce même collègue, en Louisiane, les citoyens ayant un casier judiciaire perdent leurs droits civiques et n'ont plus celui de voter. Or si je me fie au nombre incensé de parents, d'oncles ou de frères d'élèves en prison ou ayant des soucis avec la justice, il y en a beaucoup qui ont vu s'envoler ce droit. Et ils sont noirs. Autant qui ne pourront pas voter pour leur candidat. Et pour le rêve de Martin.

J'ignore si Barack Obama sera élu président et quoique beaucoup en doutent, j'avoue que j'aimerais voir ce qu'une telle élection pourrait modifier de la face du monde. En tout cas, l'effervescente dans les rues d'une ville comme la Nouvelle-Orléans serait, face à un tel évènement, historique.

2 commentaires:

NOlaDArling a dit…

Ah ça les gators, les araignées, les pentecotistes, ça vous parle hein! Mais dès qu'on se fend d'un post un peu politique, un peu réfléchi
- quoique je ne sois pas en train d'avancer que cette réflexion est fiable et censée - y'a plus personne !
Cuistres.

Anonyme a dit…

beh moi je dis, et oui, G tjs mon mot à dire!!!!

donc je disais que je disais : on verra bien le jour des elections, mais je lis la presse francaise et donc, je fais le mouton en pensant que c obama qui sera president!!!!

c qd dejà qu'on sera fixés?