vendredi 16 mai 2008

Alors voilà.

Depuis longtemps on cherchait un ailleurs, on cherchait perte de repères et chaleur nouvelle, on cherchait à se construire, à tester nos aptitudes à être seuls au milieu du monde. Et au hasard de l'histoire de 2 expatriés, on a découvert la Louisiane. L'obsession s'est cristallisée en quelques minutes et a donné naissance à l'objectif primordial : s'y engouffrer à tout prix.
Milles images nous ont tenaillé des mois durant, le temps nécessaire pour s'euphoriser, se questionner, se démoraliser, se préparer, en faire un secret et attendre. La déception était à la hauteur du fantasme lorsque l'on nous a appelé pour nous ôter une joie sincère. Nous ne pouvions nous y rendre au vu de mon statut administratif, trop défini. Je suis prof de français. Et ils avaient besoin d'instituteurs.
On s'est relancé dans la vie, la Louisiane en moins, dans l'attente des entretiens auxquels nous devions tout de même participer, comme un tir à blanc.Ce fameux entretien en anglais pour lequel nous avions si scolairement réouvert l'English Student Grammar.
Les semaines ont passé et contre toute attente, les deux remarques faites par un des responsables "Les chances sont minces mais elles existent..." et "Vous préférez la ville ou la campagne?", étaient bien le signe d'encouragement subtil auquel je m'étais d'abord refusé à croire pour éviter la chute trop brutale.
Nous avons appris notre bonne fortune le jeudi 1 mai à 2 h 45 du matin. La liste publiée sur le site de Saint-Codofil a dévoilé nos noms. Nous venions de quitter Greg, notre ami de La Crosse, qui après avoir passé un an en France pour enseigner l'anglais, retournait dès le lendemain dans son Wisconsin. L'ironie de la vie est terrible.
Nous venions d'acheter une voiture neuve, réserver nos vacances en Toscane, envisager de nous réinscrire au club de trompo-flutiste amateurs de Kruth.
On a vendu la voiture à un dénommé Tristan (qui s'est alors présenté sans son lierre, sans son Iseut), on a annulé les vacances en Toscane et dit adieu aux antipasti, et on a oublié les trompetteux.

Alors voilà. Aujourd'hui, nos vêtements sont pour la plupart emballés dans des sacs à destination d'Emmaus ou des gens du voyage (selon leur ordre d'arrivée à la benne prévue à cet effet), et nous arrivons enfin à nous réjouir et laisser de côté ce stress palpitant qui nous animait depuis l'annonce officielle.

Les vraies questions affluent aujourd'hui : Nola ? Louisiana ? Qui êtes-vous ?

Dans les semaines qui suivent, j'essaierai de répondre cette question centrale : qui est la Louisiane, cet état dans l'état, cette mixture moite et sourde qui colonise la peau ?


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